En fait, la plupart des visiteurs se dirige vers le temple Senko-ji, l’un des plus célèbres, à l’ouest du centre-ville. Nous ferons de même ensuite, mais soyons honnête, si nous sommes à Onomichi, c’est que nous ne souhaitons pas suivre les sentiers battus. Nous commençons donc par le Jodo-ji, un temple côté est, sur le plus haut sommet du secteur, et possédant donc la meilleure vue.

Dès le début de la promenade, nous réalisons que nous avons découvert une pépite. Administrativement parlant, la ville d’Onomichi a été fondée récemment, en 1898, mais ne vous y trompez pas, le port est ici depuis au moins 700 ans de plus, précisément depuis 1168. Voici donc Onomichi, une ville qui vous obligera souvent à y regarder par deux fois pour connaître la vraie histoire.

Épargné par les bombardements de la Seconde guerre mondiale, Onomichi possède un grand nombre de bâtiments anciens. Mais nombre d’enseignes du centre-ville sont simplement des structures récentes avec une touche rétro, ce qui donne des cafés, des boutiques et des galeries agréables.

Onomichi U2, par exemple, est l’exemple parfait de cette tendance rétro-chic, mais orientée sur le vélo. Dans un ancien entrepôt des quai, Onomichi U2 fonctionne comme un paradis des cyclistes, avec un café, un bar, un restaurant, un hôtel et une boutique Giant sur un seul et même site – parfait pour débuter ou revenir d’un voyage panoramique sur la route Shimanami Kaido, l’autoroute équipée d’une piste cyclable qui relie les îles de Honshu et de Shikoku. Onomichi en est l’entrée nord, là où Imabari est l’extrémité sud.

Du même calibre, Art Base, cet ensemble artistique installé dans une ancienne école de l’île de Momoshima, offre un autre visage de cette tendance contemporaine, mais ô combien rétro, qui structure aujourd’hui Onomichi.

En se promenant dans les anciennes rues étroites, il nous apparaît presque évident qu’Onomichi a été bâtie pour être explorée. Étalée sur une bande étroite entre les montagnes et un bras de mer, Onomichi est parfaite pour s’égarer. Mais il est difficile de s’y perdre – du moins au sens littéral.

Une fois au temple Jodo-ji, nous sommes immédiatement impressionnés par la tranquillité des lieux. Peu de visiteurs, bien plus de pigeons que de touristes. En fait, il n’y a que nous et un autre couple occupé à nourrir les oiseaux.

Nous faisons le tour de la pagode, et nous nous trouvons rapidement sur un sentier de terre occasionnellement jalonné de marches anciennes. Dans les bois silencieux, nous continuons de monter jusqu’au poste d’observation du sommet. Un dernier groupe de marche, et je découvre l’une des vues les plus fantastiques que je n’ai jamais vue.

Un panorama qui est composé de nombreux points d’intérêts, chacun justifiant de s’y arrêter un moment, formant ensemble un chef d’œuvre de paysage. S’étendant devant nous se trouve la vallée d’Onomichi, traversée du bleu de l’océan ; la ville elle-même, débordant de temples et de sanctuaires anciens ; les collines, habillées de forêts et s’élevant délicatement de la plaine étroite ; les franges du détroit, où s’alignent les quais et les chantiers navals ; et finalement, ces montagnes bleutées qui ferment le champ de vision.

Nous prenons une grande inspiration et scrutons encore ce paysage plein de promesses, oubliant presque de prendre une photo, tellement nous sommes ébahis par tant de beauté urbaine et naturelle. Reprenant nos esprits, et nos appareils photos, nous l’observons à nouveau mais à travers des objectifs.

En redescendant, nous continuons finalement en direction du temple Senko-ji, un itinéraire qui nous amène à traverser ce que les locaux appellent Neko-no-Hosomichi, soit l’allée des chats. Un chemin étroit réputé pour les nombreux félins qui l’habitent, réels ou décoratifs. Les boules de poils qui fréquentent les lieux sont habitués aux visiteurs, et nous laissent les approcher pour leur tirer le portrait.

Le temple Senko-ji, en tant que site le plus visité, possède de nombreux points d’intérêts, dont les statues des sept divinités du bonheur, ainsi qu’une boutique où acheter un cadenas en forme de cœur à accrocher comme offrande dans un sanctuaire chaton. Je ne suis pas au courant que les chats soient particulièrement réputés pour leur fidélité, mais qu’importe, le sanctuaire est déjà beaucoup trop mignon en soi.

Pour continuer, la balade jusqu’en haut se fait le long d’un sentier surnommé « la voie de la littérature », le long duquel plusieurs pierres sont gravées des poèmes d’auteurs qui ont successivement appelés Onomichi leurs chez eux.

Concernant le niveau de la vue depuis le Senko-ji, elle est appréciable mais sans l’effet waouh que possédait celle du Jodo-ji. Mais si vous restez assez longtemps, rien ne vous empêche de comparer les deux par vous-même pour vous faire une idée.

Enfin, nous redescendons pour retrouver les anciennes rues étroites. Mon amie et moi nous nous regardons avec entendement.

« Qu’est-ce que nous allons trouver cette fois ? », nous demandons-nous en silence.

Quel que soit la réponse, nos yeux n’en auront pas assez.

Texte et photographies de Peter Chordas